Los Angeles s’embrase : Trump met le feu aux poudres
Depuis plusieurs jours, Los Angeles est le théâtre de manifestations d’une ampleur inédite. Ce qui a débuté comme un mouvement de protestation contre des rafles migratoires a rapidement dégénéré en crise politique et sécuritaire. Déploiement de garde national, intervention du président Trump, accusations de dérive autoritaire… Retour sur une escalade inquiétante.
Le point de départ : Une vague d’arrestations qui fait éclater la colère
Tout a commencé par une opération éclair des services de l’immigration. En quelques heures seulement, plus de 40 personnes ont été arrêtées à Los Angeles. La plupart sont des migrants sans papiers, installés depuis longtemps dans la ville.
Dans les quartiers populaires à forte majorité latino, la nouvelle s’est propagée comme une traînée de poudre. À Paramount, au sud de Los Angeles, la peur a rapidement cédé la place à la colère. Des centaines d’habitants sont descendus dans les rues pour crier leur refus de ce qu’ils considèrent comme une véritable "chasse à l’homme".
Les slogans fusaient : "Nous ne sommes pas des criminels", "Laissez nos familles tranquilles". L’émotion était à son comble. Mais l’escalade était plus rapide. La police est intervenue pour disperser la foule. Gaz lacrymogènes, balles en caoutchouc : la réponse a été brutale.
Les affrontements ont éclaté, plongeant les rues dans un climat de chaos et de peur.
Déploiement militaire : La situation dégénère..
À la demande du président Donald Trump, le Pentagone déploie la Garde nationale, puis les Marines. Un millier d’hommes sont envoyés dans les rues de Los Angeles. Objectif affiché : "restaurer l’ordre".
Mais pour les autorités locales, cette intervention est une provocation. Le gouverneur de Californie, Gavin Newsom, dénonce une dérive autoritaire. "Trump veut faire taire la contestation par la force", fustige-t-il. L’administration fédérale, elle, persiste : la sécurité nationale prime.
Quelles sont ces deux forces mobilisée ?
La Garde nationale, créée en 1636, est une force militaire hybride : ses membres sont des civils qui s’entraînent régulièrement mais peuvent être mobilisés pour intervenir lors de situations d’urgence comme des catastrophes naturelles ou des troubles civils. Chaque État contrôle sa Garde nationale, mais le gouvernement fédéral peut aussi la fédéraliser pour des interventions spécifiques.
Les Marines sont une force d’élite, spécialisée dans les opérations rapides et amphibies, souvent déployée en première ligne lors des conflits armés américains. Ils assurent aussi la défense des bases navales et la protection des missions diplomatiques à l’étranger.
Il convient de rappeler que les Marines ont participé à toutes les guerres menées par les États-Unis, et furent souvent en première ligne. En mars 2003, ils figuraient parmi les premières unités terrestres à entrer en Irak.
Trump menace d’activer la loi sur l’insurrection : Qu'est ce que cela signifie ?
Donald Trump a menacé d’activer la "Loi sur l’insurrection", un texte rare datant de 1807. Cette loi donne au président américain le pouvoir exceptionnel de déployer les forces armées sur le territoire national sans l’accord des gouverneurs d’État, lorsque la sécurité publique est gravement menacée.
La loi autorise notamment la mobilisation de la Garde nationale et de l’armée en cas de « rébellion » ou de risque sérieux de rébellion, ou si les autorités locales ne parviennent plus à faire respecter les lois fédérales ni à assurer la sécurité des citoyens. Elle a été utilisée à plusieurs reprises dans l’histoire des États-Unis, notamment :
En 1957, pour protéger des étudiants noirs confrontés à la ségrégation à Little Rock (Arkansas).
Dans les années 1960, lors de la répression d’émeutes raciales.
En 1992, pour mettre fin aux émeutes provoquées par l’acquittement de policiers responsables d’une violente interpellation à Los Angeles.
Aujourd’hui, l’administration Trump justifie ce recours par la violence grandissante des manifestations et les menaces contre des infrastructures fédérales, affirmant que les autorités locales ne sont plus capables d’assurer la sécurité et l’ordre public seules.
Traduit de l'arabe par Dorsaf Lâameri